AGO
26
1833

26 agosto 1833 - 26 agosto 1833


Diario:
1833.

      J’ai lu un article fort remarquable de la Revue d’Édimbourg, du mois d’avril 1833, sur le progrès du goût pour la lecture des ouvrages utiles parmi les classes inférieures de la Grande Bretagne. La Société pour répandre les connaissances utiles publie un bulletin ou journal, qui coûte six schellings par an et elle en débite 200,000 exemplaires. Un libraire d’Édimbourg fait paraître un journal à peu près dans le même genre, et il en met 60,000 en circulation. Enfin, une Société d’ecclésiastiques appartenant à l’Église établie, a fondé dernièrement un recueil périodique, destiné a instruire le peuple dans les matières religieuses et morales et déjà il compte 50,000 souscripteurs. Ainsi donc 310 [mille] exemplaires d’ouvrages périodiques, destinés uniquement à répandre dans les dernières classes du peuple des maximes d’ordre et de morale, circulent dans la Grande Bretagne, et sont probablement lus par des millions d’individus, sans aucun effort de la part du gouvernement ou d’une société quelconque. Ce fait répond assez aux déclarations des ennemis de l’instruction populaire, qui soutiennent que les masses n’aiment que le scandale, la calomnie et la violence. La même revue contient aussi un excellent article sur les contes de Miss Martineau. Après lui avoir prodigué les éloges que la nouveauté, l’utilité et l’habileté de son entreprise méritent, elle critique: 1º. son défaut d’application pratique qui se rencontre dans plusieurs contes, notamment dans celui destiné à prouver les suites désastreuses des mariages imprévoyans; 2º. les excursions fréquentes qu’elle fait dans le domaine de la politique sociale, où elle se plaît, probablement pour se venger de la sévérité presque inhumaine des lois de l’économie politique qui répugnent à son cœur de femme, à manifester les opinions les plus exagérées, se rapprochant presque des utopies saint-simoniennes; 3º. d’avoir dans ses derniers contes un peu perdu de vue le but instrutif [sic] qu’elle s’était proposé, défaut que le rewiewrs [sic] attribue à la précipitation avec laquelle ils ont été composés, due à l’engagement téméraire qu’elle a contracté avec le public et ses auditeurs, de publier un nouveau conte tous les mois.
      J’ai vu Huber. Nous avons longuement causé ensemble. Il m’a paru parfaitement raisonnable, seulement il me paraît un peu trop sévère sur le compte des individus du parti gouvernant. Quelque [sic] soit la forme du gouvernement, il doit y avoir nécessairement une forte dose de corruption parmi les individus qui se partagent le pouvoir, et ceux qui y aspirent. La police d’ailleurs, même la plus honnête, n’est-elle pas ouvertement fondée sur la corruption d’une grande masse de personnes? «Que je suis heureux de n’être qu’un sot, car, en vérité, les gens d’esprit ont gâté le métier». Il croit fermement que Louis-Philippe a une correspondance particulière avec les souverains de l’Europe et leurs principaux ministres, à l’insu du duc de Broglie.
      J’ai dînné [sic] chez Mr Maurice avec M. de Rumford et plusieurs personnes distinguées, parmi lesquelles Mr de Candolle. Celui-ci m’a dit que le brusone était produit par une cause identique à celle qui donne le charbon au blé; que c’était un tout petit champignon qui se formait sur l’épi même et que jusqu’à présent on n’avait rien pu découvrir pour empêcher son développement soit pour le riz soit pour le blé.

divisore
Nomi citati:
Miss Martineau, Revue d’Édimbourg, de Rumford, Louis-Philippe, Huber, de Candolle, Mr Maurice, duc de Broglie.
Toponimi citati:
Grande Bretagne, Europe, Édimbourg.

Allegati