SET
18
1853

Jacquier-Châtrier Joseph a Cavour Camillo Benso di 1853-09-18 #3518


Mittente:
Jacquier-Châtrier Joseph.
Destinatario:
Cavour Camillo Benso di.
Data:
18 Settembre 1853.

Lettre particulière Contamine sur Arve, le 18 septembre [1853] Monsieur le Comte, Au moment où vous m'écriviez par votre lettre du 6 septembre «que Mr Imperatori était de nouveau malade» à Intra, ne pouvant s'occuper de sa commission suivant ce quc vous affìrmait Mr Paleocapa, je savais par oui-dire, quc Mr Imperatori avait annoncé son retour et qu'une belle montre donnee par le Gouvernement de Genève l'attendait à Bonneville. J'ai voulu, avant de répondre à votre exceliente lettre du 6, "volr si le oui-dire était exact. Je vous le confirme car, étant alle pas-ser deux jours à Laville pour la création d'une école d'horlogerie (première oeuvre de mòli"ìnstallation sindicale), j'ai scu que cet ingénieur était de retour bien portant. On ne vous a donc pas dit exactement vrai, et si je relève cet Le circonstance indifferente c'est pour prevenir confidentiellement vos bon-nes intentions qu'à l'endroit malheureux des inondations de l'Arve, un éternel et perpétuel mensonge s'est incrusté, aux plans, à l'argènt etc... etc... et je n'en dis plus; mais je vous donne ma parole d'honneur que vous pouvez tout supposer, et je supplie votre intelligence, qui pour le bonheur de nous tous sera, je l'espère, notre sauvegarde, je la supplie de ne croire qu'à elle, tout vu, lu, examiné. C'est dans cette idée qu'à elle seule écrivant, je confìrme d'abord mes deux précédentes lettres. Maintenant, Monsieur le Comte, je partage pleinement votre idee d'avoir un rapport complet sur cette matière qui vous est absolument nouvelle. Mais je vous préviens qu'à moins d'y employer tout le levier de notre volonté et l'autorité de votre Présidence vous n'en aurez pas de sìtòt. J'ajoute ensuite que ce rapport aura bien de la peine à contenir la vérité. Tout ce que je vous dis là, sous la foi d'une confiance person-nelle et sans bornes, vous paraitra exagéré. Hélas, Monsieur le Comte, il y a 30 ans qu'une serie de ministres, amoureux du bien public, ont démandé à leur arrivée rapport sur rapport. Plus de 20 commissions sont venues se contróler, on ne mettrait pas sur un char tout ce qui s'est écrit. Je parierais que les rapporteurs en vaccations [rie] vues de lieux etc, ont coùté plus de 200.000 francs. Tantót les pièces étaient perdues à Turin, à Annecy, à Bonneville. Enfin, Monsieur le Comte, c'est une fatalité, si Fon veut, mais c'est une déception telle, si continue et si désastreuse, qu'elle ébranle la foi publique. Le fait est que dans le Faucigny deux villes ont péri par le feu, Sallanches (40) Cluses (1844), et que le chef-lieu de la province est menace de perir par les eaux, après avoir perdu préalablement par l'inon-dation des terreins la fortune de sa population. Je dois cependant dire que depuis 1849, date de ma première élection, le gouvernement fit des efforts réels pour nous venir en aide, et cela sur l'exposé de notre situation. On a fait l'essai de digues orthogonales, mais cette idée était fautive aussi. Un des grands écueils de cette affaire c'est qu'au début elle a été manquée dans le trace, dans la largeur du lit, dans l'emploi des maté-riaux, dans la pose et la hauteur des digues, et dans la marche du digue-ment, et que cette masse de voleurs qui suivent les entreprises ont achevé de compromettre l'ceuvre. Cela pose, ceux qui viennent écrire ou vérifier rencontrent cet écueil: ou ils ont la crainte de dire toute la vérité et qui pourrait at-teindre on ne sait trop qui de Pancien regime, ou ils ont crainte de don- net un dementi à la science des ingénieurs du Congrès (trop) permanenti ou enfin, cffrayés par l'idée de tout détruire pour tout recom-mencer, une fausse tendresse les engagé à conserver un trace, une largeur, un pan de muratile, et ils ne font que confirmer des sottises. Est-ce ignorance, est-ce faiblesse, est-ce solidari té du corps du Genie? Je m'abstiens de dire, mais c'est peut-étre de tout un peu. Et à coté de cela, il y a une rivalile afireuse d'Annecy sur Bonneville, une haine implacable du clergé, qui se plaìt à perpétuer des erreurs, dont la main pénètre souvent et tire des fils pour embrouiller la moin-dre chose, empéchant ce pays qui pourrait sortir d'embarras. C'est ainsi que l'an dernier (quand vint Mr Paleocapa), un socius de l'ordre, Mr Mercier, Intendant à Chambéry, qui natif de St-Jeoire (haujL Fauciftny) était ennemi du diguement, et sans pitie pour nos malheurs, accom-pagnait et ne quittait pas le Ministre. Que lui a-t-il dit? que ne lui a-t-il pas dit? Je ne sais. Malgré tout, cet homme n'était certes pas de bon augure. En vous écrivant ce que je pense et penserai toute ma vie, je vous demande de me lire et de réserver à vous seul ces détails qui cachent tant d'amertume et de douleurs que je désire voir s'effacer par une oeuvre nécessaire, mais definitive et prompte. Sans cela, Monsieur le Comte, Bonneville est sous le coup de l'imprévu; vous m'exhortez à patience; sans doute vous ne pouvez tout faire et pourtant ma conviction est que sans vous tout est perdu. L'energie de votre très indigne correspondant mourra à la suite de vains efforts et ne voulant plus assumer la responsabilité impuissante d'un avenir, il se retirera et laisserait aux malédictions publiques le gouvernement qui est mal renseigné et fort mal aidé. Hier on m'a remis à Bonneville un factum sur le diguement; je vous l'adresse. J'y joins le journal, où vous trouverez l'opinion du Conseil Provincial sur le diguement.3 Je suis loin de trouver bon ce qui est imprimé et n'y suis pour rien. En vous priant de le lire, je veux seulement appeler votre attention sur l'irritation generale, qui place dans une position très fausse ceux qui soutiennent le gouvernement, et qui en auront d'autant plus la force que le gouvernement leur en donnera les moyens. En sollicitant de vous le bien public, j'ai déjà éprouvé dans ma couche inférieure combien il est difiicile de l'obtenir. lei, il y a urgence absolue. Mettez, je vous en prie, à notre disposition les fonds que vous avez donnés à Quses et à Sallanches (1840, 1844), aux uns pour se rebàtir, aux autres pour ne pas^perif, et nous serons sauvés. Pour cette province il y a justice en ce que, sans les fautes des ingénieurs, dont l'autorité est responsable, nous ne serions pas si malheureux. Si vous déterminez quelque chose, soyez assez bon pour m'en prevenir, et de mon coté comptez sur mon inaltérable dévoue-ment.4 Seulement, je vous demande la confidence de cette correspondan-ce, jusqu'à ce que l'occasion se présente, s'il le faut, de dire, mais devant vous, tous les griefs de ces vallées. Je suis votre affectueux et dévoué J, Jacquier-Chàtrier

divisore
Nomi citati:
Imperatori, Paleocapa, .
Toponimi citati:
Contamine sur Arve, Intra, Genève, Bonneville, Laville, Turin, Annecy, Faucigny, Cluses, Sallanches, Chambéry, St-Jeoire.

Allegati