LUG
9
1834

Giustiniani, Anna, n. Schiaffino a Cavour, Camillo Benso di 1834-07-09 #1371


Mittente:
Giustiniani, Anna, n. Schiaffino.
Destinatario:
Cavour, Camillo Benso di.
Data:
09 Luglio 1834.

      Mercredi. J'ai passé la nuit, et je me trouve mieux. O Camille, écoute-moi; c'est ma raison qui va te parler. Sais-tu que je suis un être dévoué au malheur? N'associe pas ton sort au mien; je t'entraînerai dans l'abîme. Je ne croyais pas, en cédant à l'impulsion irrésistible qui me força à t'écrire, n'agir que dans mon intérêt, ne faire qu'un acte du plus pur égoïsme. Non, je ne le croyais pas. Des larmes brûlantes roulaient dans mes yeux; mes lèvres étaient agitées par un mouvement convulsif; je frémissais de me voir asservie à ce point par les passions; enfin d'une main mal assurée, craignant que tu n'eusses contracté d'autres engagemens que je ne voulais point te faire rompre, je traçai le peu de lignes qui ont décidé de notre sort. Il le fallait: je me serais éternellement reproché d'avoir négligé de te voir un instant, de n'avoir pas tout fait pour sentir ta main presser la mienne, une fois au moins. Camille, devrais-tu un jour maudire le jour où tu m'as revue? Que Dieu plutôt m'anéantisse en ce moment même. Arrêtons nous un instant. Oh Dieu, ma tête se trouble; je ne sais pas encore ce que tu veux me proposer; que Mr. Richard vienne une fois me tirer de cet état de perplexité que je ne saurais supporter long-temps. Mon mari continue à garder le silence sur les lettres qu'il sait bien que j'ai reçues. On dirait qu'il est le coupable, et que je suis l'offensée. Bien décidément il ne veut pas se brouiller avec moi, ou peut-être a-t-il égard à l'état de ma santé. Camille, toi que j'adore, pense, réfléchis et puis, ordonne, dispose. Je ne vis plus que par toi. Ton souffle me ranime encore. Adieu Camille.

divisore
Nomi citati:
Anna Schiaffino Giustiniani, Mon mari, Mr. Richard.

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