GEN
9
1832

Giustiniani, Anna, n. Schiaffino a Cavour, Camillo Benso di 1832-01-09 #1334


Mittente:
Giustiniani, Anna, n. Schiaffino.
Destinatario:
Cavour, Camillo Benso di.
Data:
09 Gennaio 1832.

                                                                                                                       Lundi

      Hélas, Monsieur, que puis je vous répondre? Après vous avoir écrit trois lettres, surprise de ma hardiesse, atterrée par l'idée que peut-être je vous ennuyais, ne sachant de vos nouvelles que rarement et de la manière la plus vague, je n'ai pas voulu me flatter de vous revoir. Je ne vous tromperai pas, je vous conserverai jusqu'au dernier soupir le plus vif intérêt, rien ne me coûterait pour assurer votre bonheur; mais je n'éprouve plus le sentiment qui m'a fait braver les bienséances en m'inspirant le désir de vous écrire.
      On m'a remis votre dernière lettre en présence de ma mère, elle a tout découvert: elle sait que vous avez de mes lettres, et si jamais je vous les demandais, ce ne serait que pour la satisfaire. Quant à moi, Monsieur, je vous estime trop, j'ai trop de confiance en vous pour croire que vous puissiez jamais en faire un mauvais usage.
      J'ignore si je viendrai au spectacle Mercredi: je suis entièrement subordonnée aux volontés de mes parens.
      Pardonnez-moi d'avoir troublé un instant votre tranquillité; vous la reprendrez bientôt, j'espère; je ne vous demande pas de m'oublier tout-à-fait, pensez à moi, si vous voulez, comme à quelqu'un qui a pour vous l'amitié la plus vraie, à quelqu'un qui a mille défauts, sans doute, mais qui n'a pas celui de feindre. Le jour de mon départ n'est pas encore fixé; mais je le crois très prochain.
      Adieu, Monsieur, permettez-moi de me nommer
                                                                                                          Votre amie.

divisore
Nomi citati:
Anna Schiaffino Giustiniani, ma mère.

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