NOV
9
1829

Cavour, Camillo Benso di e Cavour, Adele Benso di, n. de Sellon d'Allaman a Maurice, Adèle, n. de Sellon d'Allaman 1829-11-09 #1318


Mittente:
Cavour, Camillo Benso di e Cavour, Adele Benso di, n. de Sellon d'Allaman.
Destinatario:
Maurice, Adèle, n. de Sellon d'Allaman.
Data:
09 Novembre 1829.

                                                                                                      Santena, 9 novembre 1829
[Inizia Cavour]
    Ma chère Adèle,
    Vous m'avez marqué d'une manière trop aimable le désir d'avoir de mes nouvelles, pour que je ne saisisse pas cette occasion favorable pour vous remercier des vives marques d'intérêt que vous avez bien voulu me donner. Je voudrais vous dire plusieurs choses à ce sujet, mais alors vous croiriez que je fais des phrases et que je cherche à suppléer aux sentimens avec un déluge de mots. Cependant vous devriez être persuadée, que ce ne sera jamais avec vous que je chercherai à cacher mes véritables opinions, au moyen de ces phrases banales qui tiennent trop souvent lieu de sentiment dans le monde. Je vous estime trop pour cela.
    La première année que je vous ai vue, n'ayant pas pu vous connaître assez profondément, je me suis renfermé avec vous dans les lieux communs, que l'usage et la bienséance prescrivent; mais après vous avoir connue plus particulièrement, après avoir étudié, autant qu'il m'était possible, le fond de votre caractère, j'aurais cru vous faire injure en continuant avec vous un langage insignifiant et banal. Vous avez trop de véritables qualités pour craindre qu'on vous dévoile les petits défauts qui jettent quelques teintes obscures sur un beau tableau. Avec vous le tout est de vous convaincre; la force morale ne vous manque que pour les choses qui vous paraissent douteuses; ainsi je suis intimement persuadé qu'avec votre caractère le plus grand service à vous rendre c'est de vous dire toute la vérité, rien que la vérité. Je vous prie donc de m'excuser si, suivant ma conviction, je vous ai quelquefois tourmentée, et en vertu du vif et sincère intérêt que je vous porte, je réclame le privilège de vous dire toujours ma franche manière de penser à votre égard.
    J'ai fait votre commission à maman, elle n'a jamais eu rien contre vous, elle sait que ce n'est point vous qui avez eu tort dans cette affaire.
   
[Continua la madre:]
     Camille veut que je vous dise que je n'ai pas été fâchée de savoir mon journal roulant de la Fenêtre au Bocage; le fait est, chère amie, que je ne puis dire franchement que cela m'ait fait plaisir, mais je puis t'assurer que je ne t'en veux aucunement et que je suis persuadée que tu es assez discrète et raisonnable pour mettre maintenant de côté tout ce qui te tombera sous les mains des papiers de tes tantes et des miens et que tu nous les conserveras et remettras fidèlement quand tu en auras l'occasion.
     Je suis enchantée de la bonne amitié qui se maintient entre les cousines et cousins et, comme tu permets à Camille de te parler avec sincérité, j'espère que tu en useras de même, ma chère Adelle, avec lui; c'est ainsi, mes chers enfants, que l'on démontre un véritable attachement.  Veritas a toujours été ma devise favorite.
     Adieu, bien chère nièce, je t'embrasse de cœur ainsi que tes sœurs. Mille tendresses à papa et maman.
   
[Riprende Camillo:]
    J'espère qu'Amélie se trouve déjà beaucoup mieux de sa diète blanche; un peu de patience, et sa santé sera tout à fait en bon état. Je vous prie de lui dire bien des choses de ma part. N'oubliez pas Hortense, que j'aime beaucoup, et la gentille Valentine.
    Faites-moi le plaisir de dire à mon oncle que, dès que je serai de retour à Turin, je ferai toutes ses commissions.
    Agréez, bien chère cousine, l'expression de mon sincère attachement.
                                                                                                                 Camille de Cavour

divisore
Nomi citati:
Adèle, Adèlle, papa, maman, Amélie, Hortense, Valentine, oncle.
Toponimi citati:
la Fenêtre, Bocage, Santena, Turin.

Allegati