FEB
15
1829

Cavour, Camillo Benso di a Maurice, Adèle, n. de Sellon d'Allaman 1829-02-15 #1309


Mittente:
Cavour, Camillo Benso di.
Destinatario:
Maurice, Adèle, n. de Sellon d'Allaman.
Data:
15 Febbraio 1829.

                                                                                                     Vintimille, 15 février 1829

    Chère cousine,
    Vous êtes bien aimable de ne point trop m'en vouloir, si j'ai manqué à ma promesse en vous écrivant si peu. J'avoue franchement mes torts envers vous. Et j'aime mieux vous prier de les excuser, que de tâcher de les pallier par de mauvaises raisons. La seule chose que je vous prie de croire, c'est que votre souvenir ne s'est jamais effacé de ma mémoire; mais que, bien loin de là, ce n'est jamais sans ravissement que je pense au tems si heureux et si court que j'ai passé avec vous au Bocage.
    Je suis toujours à Vintimille attendant avec impatience l'ordre qui nous rappelle à Turin. Voilà bien quatre mois que je suis dans ce vilain pays, travaillant à une besogne excessivement ennuyeuse et n'ayant d'autre délassement que d'aller quelquefois jouer au jeu spirituel et instructif du loto. J'espère cependant que mon exil, qui se prolonge bien au delà de ce que je ne l'avais [cru] d'abord, touche à sa fin, et qu'avant la fin de cette semaine je pourrai me mettre en route d'abord pour Gênes, et ensuite pour Turin. Mon stoïcisme ne va pas aussi loin que vous le croyez, et il est tout à fait insuffisant pour me faire supporter avec patience une absence aussi longue de toutes les personnes qui me sont chères. Je ne sais point encore si l'on me renverra cet été bâtir ici une forteresse, ou bien si l'on disposera autrement de moi. Mais ce que je sais positivement, c'est que, quelque part que je sois, il faudra m'enfermer sous clef, si l'on veut m'empêcher d'aller vous rejoindre à la Fenêtre. Car je suis décidé à ne point laisser écouler une seconde année sans vous revoir.
    Votre excellente mère m'a écrit une lettre bien longue et bien aimable, dont je lui suis vivement reconnaissant. J'ai peur seulement que le plaisir qu'elle m'a procuré n'ait été acheté au prix d'une trop grande fatigue de sa part, qui aurait pu lui être nuisible.
    Veuillez, ma chère cousine, dire bien des choses de ma part à votre père, à votre mère et à vos aimables sœurs. Croyez à la sincère et inaltérable affection de
                                                                                                     votre cousin
                                                                                                       Camille

divisore
Nomi citati:
Adèle De Sellon d'Allaman Maurice, chère cousine, mère, père.
Toponimi citati:
Vintimille, Turin, Gênes, Bocage, Fenêtre.

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