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1833

31 ottobre 1833 - 31 ottobre 1833


Diario:
1833.

      Il y a eu à l’Académie des sciences une séance royale à laquelle j’ai assisté. L’audience était nombreuse, une partie des hauts dignitaires de l’État, probablement ceux qui ont des prétensions [sic] à la science, et plusieurs membres du corps diplomatique, en faisaient partie. Mr de Barante s’y trouvait en sa qualité de membre étranger de l’Académie, et siégeait au milieu des ses confrères. Le Roi en arrivant s’est allé placer [sic] sur un fauteuil, ayant ses deux fils assis à côté de lui. Alors la séance a commencé par un discours du comte Balbe, adressé au roi, et dans lequel certainement devaient se trouver de fort belles choses sur la gloire de la Maison de Savoie et celle de celui qui la représente dans ce moment, sur l’encouragement que les sciences ont toujours reçu de la munificence royale et sur cent autres sujets pareils, mais dont je n’ai pas pu comprendre un mot, tant la voix de l’orateur était faible et cassée. Après cette magnifique harangue, plusieurs académiciens ont lu successivement des mémoires, sur toutes sortes de sujets. Je peux dire que pas un seul n’offrait le moindre intérêt. Le marquis Lascaris est venu nous apprendre que les sciences mécaniques et physiques avaient fait et faisaient tous les jours de grands progrès, et que si l’on n’y prenait garde il y aurait des nations assez malicieuses pour les faire servir au perfectionnement de l’art de la guerre. Mr Carena a prouvé fort diffusément que les sciences modernes étant beaucoup plus variées et plus étendues qu’elles ne l’étaient du tems des Grecs et des Romains, il n’est pas étonnant que nos savants actuels ne visent plus à une réputation encyclopédique, but des anciens philosophes de la Grèce et de Rome. Grand merci pour la nouveauté de l’argument. Le comte Sclopis a lu d’une voix inintelligible une dissertation sur les avantages de la codification. Une phrase quelconque de Bentham contient plus de suc que les vingt pages qu’il nous a fait subir. Omodei a prouvé que Leonardo da Vinci avait été un grand artilleur et qu’à son égard, comme dans celui de presque tous ses concitoyens illustres, l’étranger avait tâché d’usurper la gloire de ses découvertes. C’est, peut-être, ce qu’on a lu de mieux. Enfin Mr Manno, l’insulaire, nous a débité d’une voix tonnante une dissertation sur l’origine des noms chrétiens, où il a trouvé moyen de placer plusieurs traits contre les excès de l’incivilimento, qu’il accuse de nous ramener au barbarisme. Voulait-il se faire pardonner sa lettre à Vieusseux? La séance s’est close par une ode de Diodata, pompeusement déclamée par Boucheron, dans laquelle la Sybille de Cume, je ne sais à quel propos, sort de son antre pour venir nous prédire les gloires passées, présentes et futures de la maison de Savoie. Toute l’emphase du déclamateur n’a pas réussi à prêter le moindre intérêt à ce morceau dénué de sens, d’harmonie et de grâce. En un mot, le mérite de la séance a été parfaitement à l’unisson de l’honneur que peut conférer à un corps savant la présence d’un prince, jouissant d’une réputation européenne aussi bien établie que Charles Albert.

divisore
Nomi citati:
Bentham, Mr de Barante, Roi, Boucheron, Vieusseux, Omodei, Balbe, marquis Lascaris, Mr Carena, Sclopis, Manno, Charles Albert, Diodata.
Toponimi citati:
Académie des sciences, Grèce, Rome, Académie, Cume.

Allegati