30 agosto 1834 - 30 agosto 1834
- Diario:
- 1834.
La Bruyère, qui sous certains rapports s’élève bien au-dessus de ses contemporains, partage cependant toutes les erreurs de son temps en économie politique. Voulant prouver la justice et la convenance de l’inégalité des fortunes, il s’écrie: «Il n’y a que deux sortes de richesses auxquelles les autres se réduisent: l’argent et les terres. Si tous sont riches, qui cultivera les terres et qui fouillera les mines?» On voit pourtant qu’il était moins éloigné de la vérité que les partisans du système mercantile, qui fesaient consister toute la richesse d’une nation dans la masse de métaux précieux par elle possédée. Il tient compte d’un élément de plus de la richesse sociale, des terres. C’est déjà quelques chose que d’être en avant d’un pas des opinions de son temps.
Mme de G[uasco] est venue à Turin exprès pour me voir; nous avons passé trois jours ensemble d’une manière fort agréable, en employant de noitr mieux le tems. Enfin il m’est arrivé avec elle, ce qui aurait dû arriver infiniment plus tôt, si je n’avais pas été si prodigieusement bête. Elle a voulu à toute force que je l’accompagnasse faire des emplettes chez une foule de marchands; loin de craindre de se compromettre aux yeux du public, elle me paraissait désireuse et fière de faire connaître sa nouvelle liaison. Elle m’a donné de bien grandes preuves de sa passion, et s’est exposée pour me recevoir chez elle à de bien grands dangers. Je lui dois, pour le moins, beaucoup de reconnaissance.

- Nomi citati:
- La Bruyère, Mme de G[uasco].
- Toponimi citati:
- Turin.