AGO
26
1834

26 agosto 1834 - 26 agosto 1834


Diario:
1834.

      J’ai reçu hier une lettre de Cassio. Il a assisté à deux séances de la Chambre des députés, et il paraît qu’elles ne lui ont pas donné une opinion bien favorable du gouvernement constitutionnel. Il a d’un seul coup d’œil jugé la masse des députés et les individus. Odillon Barrot et La Fitte ont seuls trouvé grâce à ses yeux. Du reste il s’amuse prodigieusement à Paris, et est fort content de son voyage.

      Mr de Barante voit les affaires d’Espagne fort en noir; non qu’il redoute le succès de Don Carlos, mais il est persuadé qu’une révolution sociale et radicale est inévitable. La déclaration de la banqueroute en est le prélude, il est difficile de prévoir comment et quand elle s’exécutera. Il m’a dit savoir d’une manière positive que la grande majorité des Cortes, parmi lesquels il y a bon nombre de gens sages et modérés, est décidée d’enlever la régence à la reine et de la confier à un conseil. Cela peut-il réussir? Je ne le croirais pas partout ailleurs, mais dans la péninsule, comme me le disait Anduaga, les événemens ont lieu en raison inverse de leur probabilité.
      Mr de Barante m’a dit que l’adresse avait été spécialement dirigée contre Mr Thiers, contre lequel la Chambre est tout à fait indisposée soit à cause de sa disposition à la dépense, soit à cause de sa réputation d’improbité dans les affaires. Il craint que sa retraite ne soit nécessaire, et il la regrette beaucoup, comme d’un grand esprit, d’immenses talents, et d’une sureté politique absolue. Je partage ses regrets.
 
      Un instant me dédommage amplement de plusieurs semaines de souffrances. Et cet instant desiré, céleste viendra bientôt m’animer d’un nouveau souffle, me donner la vie, me faire croire au onheur, me rendre l’espérance. Ô Camille, me jetter [sic] dans tes bras, voir tes yeux là dans les miens, te donner mon âme dans un baiser, c’est là vivre. Le reste n’est rien. Sommeil, léthargie, triste attente.
 
      Toute plaisanterie dans un homme mourant est hors de sa place. Si elle roule sur de certains chapitres elle est funeste. C’est une extrême misère que de donner à ses dépends [sic], à ceux qu’on laisse, le plaisir d’un bon mot.
                                                                                                                  LA BRUYERE

      La politique considérée philosophiquement, doit être l’application des forces de l’esprit humain à la direction de ses propres destinées: elle n’a d’autre but que de livrer le gouvernail des affaires aux idées reconnues les meilleures, les plus vastes, les plus justes.
 
      Pour être un homme d’état utile, il faut avant tout avoir le tact des choses possibles.
 
      Aujourd’hui deux ouvertures s’offrent à l’avenir du monde: procurer un règne social à toute la vérité prêchée par le christianisme; outrepasser les conceptions mêmes du christianisme. Toute la vérité qu’a conçue le christianisme n’est pas socialement pratiquée: le dogme de l'Évangile, l’égalité, n’est pas accompli; on l’adore sans lui obéir vraiment, et l’avenir le plus prochain de l’histoire sera occupé par le règne politique du principe spiritualiste annoncé par Jésus. La conception du christianisme n’a pas épuisé le génie de l’humanité: il se tient prêt pour le jour où la pratique des sociétés aura consommé toutes les vérités conçues, déjà peut-être il pense au delà du connu, qu’est-ce la Providence, si ce n’est envers l’homme l’infatigable charité des prévisions de Dieu?
                                                                                                                    LERMINIER

divisore
Nomi citati:
Cassio,Odillon Barrot, La Fitte, Mr de Barante, Don Carlos, Anduaga, Thiers, reine.
Toponimi citati:
Espagne, Paris.

Allegati