MAG
11
1834

11 maggio 1834 - 11 maggio 1834


Diario:
1834.

      Quelle triste et vilaine chose j'ai découverte! Hier, en sortant de table, Mme de Tonnerre me mena dans un coin et, me montrant une robe qui avait appartenu à ma pauvre belle-sœur, me dit que, puisque on s'était décidé à vendre une partie de sa garde-robe, elle comptait acheter cette robe pour en faire faire l'ornement qu'elle m'avait promis pour l'église de Grinzane. À peine si je lui ai donné le tems d'achever sa phrase. L'idée de voir les hardes de ma pauvre Adèle vendues et trafiquées comme celles d'un étranger dévolues au fisc par droit d'aubaine, m'a fait horreur; j'ai manifesté fortement, hautement mon indignation. En vain ma tante a voulu me faire taire; je lui ai fait subir l'expression non comprimée des sentimens qu'une action aussi honteuse réveillait en moi. Elle a eu beau grossir sa voix, froncer le sourcil, m'appeler Monsieur; rien ne m'a fait, je n'ai pas rétracté, ni ne rétracterai jamais une seule des paroles que je lui ai dites. Elle voulait m'arracher impérieusement par des menaces une promesse de silence; je n'ai rien répondu, car je n'ai de ma vie cédé à des menaces. Cependant, je garderai l'avilissant secret qu'elle m'a découvert, sans en apprécier la portée. Demain, si elle est calme, et si elle ne menace plus, je lui en donnerai l'assurance. Que servirait-il au reste d'en parler? Il est aussi impossible de faire apprécier ce qu'est sentiment à certaines personnes, que de faire distinguer les couleurs à un aveugle.

divisore
Nomi citati:
Mme de Tonnerre, Adèle, belle-sœur, ma tante.
Toponimi citati:
Grinzane.

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