10 luglio 1834 - 10 luglio 1834
- Diario:
- 1834.
Je dois avouer que mon neveu Auguste a un caractère ferme et décidé. La suite qu'il met dans tout ce qu'il fait est étonnante pour son âge. En bien ou en mal ce ne sera pas un homme ordinaire. Mais voici le fait m'a suggéré cette réflection [sic]. L'autre jour, vendredi, je crois, étant dans le cabinet de maman, Auguste se mit dans la tête de me tourmenter; comme de raison, je ne lui passai pas cette fantaisie. Alors il s'est contenté de débiter une litanie d'injures, que maman trouvait probablement fort spirituelles puisqu'elle ne lui a pas dit une seule fois de se taire. Moi, je suis contenté d'y opposer le silence et [le] mépris. Le soir étant venu pour faire la balade avec moi, je l'ai repoussé, en disant que je ne parlais pas à un petit garçon aussi malgracieux que lui. Eh bien! depuis lors, il y a bientôt huit jours, jamais plus il ne m'a adressé la parole, ni même fait attention à moi. Pour être franc, j'avoue que j'aime cette constance, elle est la preuve d'une âme fortement trempée pour qui les impressions sont durables. Seulement, elle me prouve que nous ne pourrons jamais vivre ensemble. Au reste, je le savais déjà bien sans cela.
Ah! Sans doute, c'est par l'amour que l'éternité peut être comprise; il confond toutes les notions du temps; il efface les idées de commencement et de fin; on croit avoir toujours aimé l'objet qu'on aime, tant il est difficile de concevoir qu'on ait pu vivre sans lui. Plus la séparation est affreuse, moins elle paraît vrai-semblable; elle devient, comme la mort, une crainte dont on parle plus qu'on n'y croit, un avenir qui semble impossible, alors même qu'on le sait inévitable.
Corinne

- Nomi citati:
- Auguste, maman.