SET
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1834

03 settembre 1834 - 03 settembre 1834


Diario:
1834.

      J’ai assisté ce matin au conseil de province pour la formation du budget des ponts et chaussées. La séance s’est passée à entendre le rapport de l’ingénieur en chef, accompagné de quelques remarques de l’intendant, et à approuver sans contestation tout ce qu’on nous a proposé. Il n’y avait au reste rien à redire. La province possède un nombre considérable de belles routes et les entretient avec soin; les travaux de la route de Savone, qui est actuellement en construction, sont fixés depuis longtemps; il ne reste à décider que quelques réparations insignifiantes, qui ne peuvent donner lieu à aucune discussion raisonnable. Une partie des personnes qui fesaient partie du conseil dinèrent chez l’intendant; j’étais du nombre. À table une discussion animée s’engagea sur les lois exceptionnelles qui régissent les juifs; comme de raison, je soutins avec chaleur la cause de la liberté et de la tolérance, qui était attaquée par le baron Pozzi et qui trouvait bien peu de sympathie parmi les autres convives. Nous en vînmes presque à échanger des paroles aigres; cependant nous ne dépassâmes pas tout à fait les bornes de la politesse.
      Après dîner j’ai eu un succès bien flatteur pour mon amour-propre: un médecin de Cortemille, membre du conseil, et dont j’ai oublié le nom, s’approcha de moi de l’air le plus gracieux, et me dit: «Monsieur, vous êtes le seul qui ayez fait de bonnes réflexions ce matin». J’avais, je crois, fait observer que l’entretien d’une des branches de la route de Turin coûtait en proportion, plus cher que le reste de la route. À quoi on m’avait répondu que c’était parce qu’elle était en plus mauvais état. Voilà la profonde réflexion qui m’a valu les éloges outrés de mon collègue le médecin.
      J’ai fait la connaissance du médecin de La Morra, qu’on dit être un homme distingué. Je n’ai pas eu le tems de le juger.

      Ce que c’est que la popularité! L’automne passé la ville d’Albe n’avait pas assez de moyens en son pouvoir pour témoigner au comte Somis ses sentiments de gratitude et de satisfaction; elle lui conférait le titre glorieux de citoyen, et tâchait de le relever encore par l’exhumation [sic] des plus ridicules souvenirs de Rome et d’Athènes; et maintenant elle lui a déclaré une guerre acerbe, elle condamne toutes les mesures qu’il a prises et qu’il prend; et, chose inouïe, elle a osé rejeter son budget. Deux cent vingt et un, qu’êtes vous en comparaison de nos patriotes albais? Le pauvre intendant qui s’est donné des peines infinies pour le bien de sa province, et qui, venu à bout d’exécuter plusieurs travaux de la plus grande utilité, a été profondément affligé d’une aussi noire ingratitude, d’autant plus qu’il n’a rien fait pour la mériter, si ce n’est de dévoiler les scandaleux désordres qui existaient dans l’administration de l’hôpital de la ville. Cet acte courageux, qui aurait dû lui attirer l’estime de tous les gens de bien, ayant compromis deux ou trois frippons qui suçaient la substance des pauvres, ceux-là sont parvenus à intéresser à leur sort la majorité du Conseil municipal, qui se trouvait être en relation avec eux, soit par des liens de parenté, soit par une participation criminelle à leurs extorsions.
      La haine de ces messieurs a été jusqu’à leur faire rédiger un décret tout à fait injurieux à l’intendant, dans lequel non seulement il était accusé d’abus de pouvoir, mais son honnêteté même y était attaquée. Le gouvernement a fait justice de ces indignes calomnies, et a ordonné qu’il fut détruit et brûlé. Dans ce système qui nous régit, je ne saurais blâmer un acte de la sorte. Si les conseils communaux représentaient l’intérêt des habitans, ou au moins celui de la partie la plus éclairée d’entre eux, je les désapprouverais très fort quelque [sic] fût la nature de la délibération prise. Mais nos conseils ne représentent autre chose qu’une oligarchie de cabaret, dominée le plus souvent par des intérêts privés, et accessible à tous les genres de corruption et de coupables influences. Il vaut mieux donc puisque il n’existe aucun contrepoids salutaire au pouvoir absolu, que ce pouvoir s’exerce avec décision et harmonie, au lieu de flotter tantôt d’un côté tantôt d’un autre, sans direction fixe ni but certain. Cependant comme il est dans la nature d’un gouvernement faible comme le nôtre de ne jamais prendre que des demi-mesures, après cet acte de fermeté, on a laissé les choses dans le même état, et le pauvre intendant aux prises avec le conseil dont l’animosité a redoublé, et qui ne cesse de le contrarier de toutes les manières qui sont en son pouvoir

divisore
Nomi citati:
Pozzi, Somis.
Toponimi citati:
Savone, Cortemille, La Morra, Turin, Albe, Rome, Athènes.

Allegati